[BG]Sanrek Anrevean

« Prions, prions, Frères et Sœurs de la Nuit. Car l’obscurité est le domaine de la Déesse, les ténèbres son manteau. Louée soit la Maîtresse de la nuit ! Louée soit la Chanteuse Nocturne, Louée soit Shar ! ».
Leur prière achevée, les silhouettes en robe noires et mauves sortirent une à une de la grande pièce aménagée en temple.

« Seigneur Justicar, puis-je vous parler un instant ? ». L’individu interpellé, dont la robe de cérémonie ne parvenait à totalement dissimuler l’armure, pivota lentement pour faire face à celle qui venait de parler.

"-Bien sur, ma Sœur. Que puis-je pour vous ?

-J’aimerais juste savoir si vos affaires progressent de manière satisfaisante.

-Si fait, bien que ces chiens de Sélénites se soient trouvé plusieurs fois au travers de notre route, dernièrement…mais ils ne peuvent rien contre la puissance de la Dame de la Nuit.

-En effet, je suis néanmoins heureuse d’apprendre que tout se passe bien pour vous et ceux de votre ordre. Qu’elle guide vos pas et votre lame, Seigneur Justicar. Louée soit Shar.

-Merci ma Sœur. Louée soit Shar."

La vision devint floue puis s’estompa, tandis que la voix grave de la sœur etait remplacée par les chants des coqs au loin dans la campagne matinale.

Sanrek secoua la tête pour rassembler ses esprits et chasser les dernières brides du rêve dont les échos résonnaient encore dans sa conscience, et soupira en se massant les tempes.

Encore ces songes étranges, cela arrivait de plus en plus souvent depuis la dernière lune, et cela semblait même plus réel, peut être trop pour des rêves normaux, comme s’il s’agissait d’événements ayant vraiment eu lieu.

Demain il irait jusqu'au temple de Lathandre demander conseil, mais pour l’heure il était plus que temps de se lever et de rejoindre les autres écuyers Dragons Pourpres. Des rumeurs faisaient état d’une bande de pillard en maraude dans la forêt, aussi Flaergan Hondh, le Capitaine, avait-il doublé les patrouilles sur toutes les routes...
Evidemment pour une simple recrue comme lui, cela signifiait purement et simplement devoir passer son temps sur les chemins monotones à guêter un danger qui semblait ne jamais vouloir venir, mais mieux vallait éviter de décevoir le capitaine.

En se remettant en route, le demi-elfe ne put s’empêcher de frissonner en repensant à son rêve. Celui que la fidèle de Shar, la terrible Maîtresse de la Nuit avait appelé Justicar avait regardé par la fenêtre du couloir.

Pendant un court instant, Sanrek avait vu son propre visage dans le reflet du carreau.


***

Quelques jours plus tards.


« Non…ô Séluné…pourquoi m’infliger une telle épreuve…ce n’est pas possible…je ne veux pas…pas toi, non… »

Serrant les dents, la jeune elfe se remit péniblement debout tout en serrant son bras blessé. Elle semblait encore fort belle, malgré sa chevelure en désordre et le sang souillant sa robe et son visage délicat, auquel se mêlait maintenant des larmes de chagrin et de douleur.

« Pourquoi…pourquoi fallait-il que…que cela soit t…toi, mon aimé…pourquoi ? » murmura-t-elle entre deux sanglots tandis que les énergies divines qui tournoyait autour d’elle faiblissaient à vue d’œil.

Son adversaire la contempla un moment, détaillant sa silhouette et son regard désespéré qui semblait l’implorer en une prière muette, avant d’avancer lentement vers elle, sa lame nimbée de ténèbres prête à frapper de nouveau.

« Je t’avais mise en garde, Shanui. Je t’avais prévenu de ne jamais t’opposer aux servants de la Maîtresse de la nuit…mais tu n’as pas voulu écouter.
Tu as suivi ces imbéciles, tu as suivi cette pitoyable fausse déesse…maintenant payes-en le prix de ton sang.» grinça-t-il en levant le bras pour saisir sa victime par le cou de sa main gantée de métal, la plaquant violemment contre le mur.

« J…je t...t ‘aime, Ezelkaïn. Je t… » Parvint-elle à articuler avant de pousser un hurlement de souffrance alors que la lame s’enfonçait dans sa poitrine et transperçait son cœur.



Le demi-elfe s’éveilla en sursaut, sans doute réveillé par son propre hurlement. De tout ce qu’il avait vu depuis que ces rêves étranges avaient commencé, c’était bien le pire.
Il venait d'être témoin d'un crime monstrueux…une femme elfe, apparemment une prêtresse de Séluné, assassinée par son propre amant. Le fait de l’avoir vu par les yeux du meurtrier ajoutant peut être encore à l’horreur.

C’était vraiment trop, malgré les paroles rassurantes des prêtres de Lathandre, qui lui avaient assuré qu’il ne s’agissait sans doute là que de quelques cauchemars dus à la peur qu’inspirait la malfaisante déesse de la nuit, il commençait à être vraiment troublé.

Il était cependant sur d’une chose : Rêves ou pas rêves, il n’avait aucune envie d’avoir d’autres expériences du même acabit, et était bien déterminé à trouver un moyen d’y mettre fin. Peut être que le mage de guerre Rouizel, sans doute plus expérimenté en matière de maléfices que les prêtres, pourrait-il l’aider.

Soupirant et encore sous le choc, Sanrek se retourna sur sa couche et finit par replonger dans un profond sommeil, heureusement sans rêves.

Ce que l'on sait de Sanrek

...Pas grand chose en vérité. Ce jeune demi-elfe d'une vingtaine d'années est arrivé de Suzail il y'a de cela 5 ans maintenant, et n'a guère fait de vagues depuis lors, menant une humble existence en temps qu'éclaireur dans les Dragons Pourpres du Capitaine Flaergan Hondh.
Bien que son sang à demi elfique lui ait octroyé des traits plutôt séduisants, il n'a guère la cote dans les environs, surtout parmis les autres Dragons Pourpres qui ne manqueraient pas une occasion de rire à ses dépends et l'ont surnommé de façon assez cruelle le "Drow", en référence à sa peau sombre contrastant avec ses cheveux presques blancs.

Tout cela ne semble pourtant guère l'émouvoir, ou du moins n'en laisse t'il rien paraitre, étant de toutes manières bien plus souvent seul à parcourir les sentes et les routes des patrouilles qu'il a à effectuer.

Récemment, toutefois, il semble être sorti un petit peu de son isolement et a rendu plusieurs fois visite au temple de Lathandre ainsi qu'a plusieurs mages locaux, montrant à chaque des signes de nervosité, peut être dus à la présence grandissante de pillards dans la campagne environnante.